René Frydman, gynécologue-obstétricien, est le « père » de la fécondation in vitro en France. Dans ce livre, il retrace ses souvenirs des nombreuses naissances dont il a été témoin, marquée par des traditions différentes aux quatre coins du monde. Ce livre est difficile à raconter puisqu’il s’agit de souvenirs, d’évocations autour de la naissance. Je préfère vous laisser avec les mots de l’auteur qui seront plus parlants que les miens…
« Méfions nous, la venue au monde ne peut se résumer à un acte médical. Une vie commence, suspendue entre mes mains gantées, en attente de devenir, je la dépose sur le sein de sa mère. Savons-nous vraiment l’accueillir ? Il n’y a dans nos maternités aucun endroit pour la joie, la famille, le rituel ou même le deuil… La naissance est à la fois ligne de départ et d’arrivée, elle change les yeux d’une femme et sème tous les possibles sur l’avenir incertain. C’est un moment unique, je voudrais qu’à chaque fois ce soit une fête. J’ai toujours été en quête de cet accueil. Je me rappelle ce petit matin dans un ashram d’Inde. Il était très tôt. Le soleil se levait doucement. Depuis les autels s’élevaient des voix qui célébraient les ancêtres et les nouveau-nés. Deux femmes chantaient a cappella. Leurs invocations, le décor, la lumière, la végétation… Tout laissait à penser qu’on était au paradis.
Je me rappelle cette femme nigériane venue accoucher en France. J’étais interne. En repartant, elle me proposa de venir assister à la cérémonie du nom chez elle. Cela sonnait pour moi comme une musique, un chant, une danse, tout le décor des mines du roi Salomon défi la dans ma tête. Je n’y suis pas allé. Mais je n’ai jamais oublié l’invitation.
Je me rappelle cet accouchement que j’ai bien souvent raconté. Dans le couloir, la foule des oncles, tantes, soeurs et frères d’une famille tzigane attendait. Je les sentais derrière la porte, alignés, prêts à bondir. C’est le père qui alla vers eux, il sortit l’enfant au bout de ses bras et le présenta à son clan.
Je me rappelle mes premières missions en Afrique. J’y ai côtoyé la misère et la mort qui rôdait autour des mères et des petits, mais j’y ai vu aussi des familles agenouillées dans la cour à même la terre, qui préparaient un repas de fête pour célébrer le nouveau-né et repousser loin de lui le mauvais oeil. Toute naissance est une renaissance dit là-bas le proverbe.
Ce que j’aime de ces scènes, c’est la joie et le tourbillon qu’elles annoncent. Ce sentiment ne m’a jamais quitté. »
J’ai beaucoup aimé cette lecture simple et rapide qui évoque le mystère de la naissance via le regard d’un médecin confronté à l’irrationnel et à des cultures étrangères, parfois étrangères à nos regards. On est étonné, on admire, on est touché par ce regard doux et humain d’un des pères du bébé éprouvette. Une jolie lecture, assez poétique, que je recommande à n’importe qui mais en particulier aux futures et jeunes mamans.
ma belle-soeur me l’avait offert après la naissance de mon fils. Je l’ai trouvé très touchant!
Oui c’est difficile à raconter mais je l’ai trouvé aussi très touchant, très beau! et je suis très sensible à ce médecin et à son humanité.